Accueil : 9h15. Navette gratuite depuis Paris (Porte Maillot) départ 8h30 (RDV 8h20 sur le Parking Pershing --- aka parking navette aéroport beauvais). Retour 18h.
Intervenants et programme
- 9h30-9h40 : Ouverture Yves CHEVALLIER (directeur de l'E.P.C.C du Château de La Roche-Guyon)
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9h40-10h10 :
La mémoire des oeuvres
Michel MENU (directeur de recherche C2RMF)
La mémoire des oeuvres. Au fond des images, la trace de l’artiste. Au cœur de la matière, l’empreinte de la main de l’homme pour transformer les objets, les matériaux qu’il a su trouver, sélectionner dans la nature. Les objets, les œuvres que nous ont laissés nos ancêtres et qui peuplent désormais nos musées, sont non seulement les témoins d’une pensée symbolique, des accessoires, des ornements qui accompagnaient les différents moments de leur existence mais aussi ce sont des produits qui permettent de rendre compte des tendances, des conditions socio-technico-économiques.
Les œuvres sont ainsi des objets de mémoire à plusieurs titres, mémoire au niveau fondamental, mémoire qui assure un lien matériel avec nos aïeux, comme les vieilles photographies jaunies nous rappellent la vie de l’ancien temps. Les œuvres du passé sont également une mémoire technique. Nous ne savions pas voir cet aspect des témoins du temps car pour les décrypter il faut recourir à l’usage d’instruments et la mise au point de stratégies méthodologiques, pluridisciplinaires. Ce sont les traces laissées dans l’objet par la présence même des hommes qui l’ont réalisé autrefois. Ces traces sont une sorte de palimpseste de la modification des matériaux, une sorte de fantômequi recouvre la surface des objets et que l’on peut dans certains cas favorables découvrir et l’on peut retrouver alors, dans les interstices de la matière, les indices laissées par les hommes. Ces traces sont de plusieurs ordres et à plusieurs échelles (du macro au nano).
L’empreinte, la trace, la marque, le stigmate recouvrent des notions variées qu’il nous faut distinguer au préalable afin de préciser les nombreuses façons d’aborder les œuvres, et plus pour pouvoir répondre aux multiples questions qu’elles nous posent. Les artistes contemporains jouent sur la matière pour transmettre leurs intentions et la mémoire qu'ils tentent de conserver. -
10h10-10h40 :
(titre à venir)
Michel PAYSANT (artiste-chercheur, enseignant)
Artiste plasticien polyvalent, spécialisé dans les projets de recherche entre art et science, Michel Paysant s’intéresse tout particulièrement aux pratiques collaboratives dans l’art et crée depuis de nombreuses années des installations conçues comme des dispositifs fluides ou polymorphes dans lesquelles il établit des passerelles entre art, artisanat, science, techniques, nouvelles et très hautes technologies (la série desInventariums, Nusquam, …).
Passionné de dessin classique et expérimental, il développe des projets de recherche avec des équipes de scientifiques (le projet DALY / Dessiner avec les yeux en sciences cognitives, le projet OnLAB en nanotechnologies, …) mais aussi des projets de recherche liés aux techniques traditionnelles (la technique du verre dans le projet PTPM / Pensée Technique, Pensée Magique, le tressage dans le projet Basket Case, …).
Dans le projet DALY, l’artiste expérimente à l’aide d’un eyetracker - un oculomètre en français - toutes les possibilités de l’œil-outil : pour dessiner, peindre, écrire, sculpter ou encore, composer et interpréter de la musique avec le mouvement des yeux.
Au confluent de tous ces territoires, OnLAB (le laboratoire d’œuvres nouvelles) est un projet de recherche qui a permis la création très innovante d’œuvres d’art à l’échelle nanoscopique (quelques millionièmes de millimètre) et microscopique. Des œuvres réalisées en collaboration avec des chercheurs du Laboratoire de Photonique et de Nanostructures du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
En relation depuis plusieurs années avec le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, le projet PTPM / Pensée technique, pensée magique a pour but, dans une dimension à la fois créative et conservatoire, la transmission des savoirs et le développement de nouvelles méthodologies de travail en liant les techniques du verre au numérique (création d’une moulothèque virtuelle, établissement d’une ‘mémoire prospective’ entre patrimoine et territoire, …).
Démarré au printemps de cette année, le projet Basket Case (localisé à Harare au Zimbabwe) est une réflexion qui a pour ambition de présenter de nouvelles formes de créations issues de la rencontre entre les approches et processus créatifs des artistes et designers, et les savoir-faire traditionnels des tisserandes. En plus de sa dimension artistique, Basket Case a pour but militant de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des artisans locaux.
Ouvertes, poétiques, polyphoniques et polysémiques, l’objectif des installations de Michel Paysant est d’organiser un dialogue croisé entre le monde de l’art et les mondes environnants - en réfléchissant à l’organisation de dispositifs techno-esthétiques.
Michel Paysant expose depuis 30 ans dans des musées (Centre Pompidou, Musée du Louvre, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Centraal Museum d’Utrecht, Zentrum Paul Klee de Berne, MUDAM de Luxembourg, Galleria d’Arte Moderna de Bologne, Museo Nacional de Artes Visuales de Montevideo, Dadu Museum de Pékin, National Gallery of Zimbabwe de Harare …), des centres d’art (Brooklyn Bridge Space/Creative Time / New York, Mercer Union / Toronto, Bétonsalon / Paris, la Synagogue de Delme, …) et des galeries. -
10h40-11h10 :
Face à l'eschatologie posthumaine, des stratégies artistiques de contournement
Donatien AUBERT (artiste-chercheur, EnsadLab et Université Paris IV)
Donatien Aubert est doctorant en humanités numériques sous la direction de Milad Doueihi à l’Université Paris-Sorbonne et étudiant-chercheur au sein du programme de recherche de l’EnsadLab EN-ER (Espace Numérique - Extension de la Réalité). Il est diplômé de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy où il a participé à des projets innovants arts-sciences et a été formé aux pratiques algorithmiques.Face à l'eschatologie posthumaine, des stratégies artistiques de contournement. Au XIXème siècle, l’évolutionnisme instaura l’obsolescence comme devenir potentiel de l’espèce humaine. La force de travail gagnée par l’industrialisation des moyens de production a fait craindre que l’être humain puisse entrer en lutte pour sa survie avec les machines qu’il a créées, dont le développement pourrait s’autonomiser, par un mécanisme de réplication darwinien. Dans le contexte militaire crépusculaire de la Seconde Guerre mondiale, le cybernéticien John Von Neumann a tenté de concevoir un modèle de machine justement capable d’autoréplication, le constructeur universel. La mise en compétition d’êtres humains avec des machines dotées de facultés cognitives égales, est un schéma narratif récurrent dès l’introduction des robots dans la littérature de science-fiction. Depuis les années 1980, un mouvement culturel né en Californie, le transhumanisme, s’inspirant des innovations technoscientifiques engagées dans le domaine alors naissant des nanotechnologies et des biotechnologies, devise des scénarii nouveaux d’existence pour l’espèce humaine. Appelée à prendre les rênes de l’évolution, elle développerait des modes d’existence symbiotiques avec ses machines, grâce à la commensurabilité des processus biologiques et électroniques à l’échelle nanométrique. La théorie de la Singularité, largement médiatisée par les entreprises phares de la Silicon Valley, est la révélation transhumaine, sa sotériologie.Dans un contexte culturel où le principal récit d’innovation et de progrès technique réside dans la cyborgisation de l’espèce, dans la constitution d’un « être humain augmenté » et la prise en charge inconsciente de ses activités intellectuelles par ses rétentions informatiques, refonder une ontologie où l’humanité n’est pas promise à une disparition imminente donne la possibilité d’échapper à l’eschatologie et au totalitarisme de ces discours. Elle s’effectue par un renouvellement de la pensée humaniste. Épistémologiquement, elle opère la réactualisation de techniques anciennes de classification des connaissances. Les technologies numériques permettent aujourd’hui de concrétiser les modèles heuristiques déployés par l’art de la mémoire, notamment avec des registres médiatiques immersifs comme l’installation ou les environnements virtuels 3D interactifs, de déployer des régimes symboliques capables de stimuler de nouveaux désirs d’acculturation, éloignés des mémoires Plug and Play de Matrix ou Johnny Mnemonic.
- 11h10-11H30 : Pause café
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11h30-12H00 :
Contre-Temps
Olga KISSELEVA (artiste-chercheur, Institut Actes (Paris I-Sorbonne))
Contre-Temps Depuis cinq ans, le thème du temps a été abordé dans les travaux de notre laboratoire sous différentes facettes, parfois en collaboration avec des scientifiques. La migration de la perception spatiale du temps, son accélération et sa décélération, les nouveaux rythmes de la vie humaine et leurs enjeux, les temps physiques et biologiques ont fait l'objet des multiples expériences réalisées durant cette période. L’institution également, son rapport au temps, son rôle qui au delà de la conservation des œuvres, consiste à les préserver du temps, les mettre hors temps, tout en les ancrant dans leur propre temps, a été questionnée à travers les gestes des performances.Olga Kisseleva est artiste chercheur. Elle mène un travail de recherche sur les processus de création en articulation avec les sciences et les technologies contemporaines, notamment, autour des nouvelles formes de l’art qui ont vu le jour suite au développement des nanotechnologies, de la physique quantique, de la biologie génétique. Les œuvres d'Olga Kisseleva font partie de nombreuses collections d’art contemporain. Son travail a notamment été présenté au Centre National d’Art Contemporain (Moscou, Russie), au MoMA (New York, USA), à l'ARC (Paris, France), à KIASMA (Helsinki, Finlande), au Consortium (Dijon, France), au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia (Madrid, Espagne), dans les Biennales de Venise, d'Istanbul, de Berlin, et de Moscou... Olga Kisseleva enseigne l’art contemporain et dirige l'équipe Art et Sciences à l'Institut ACTE UMR 8218, CNRS / Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
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12H00-12h30 :
"It's time" : au-delà du réel, la machine et le fantasme
Sylvain REYNAL (physicien, enseignant-chercheur, artiste, Laboratoire ETIS (ENSEA) et Institut Actes (Paris I-Sorbonne))
Physicien, compositeur et artiste plasticien, Sylvain Reynal est Maître de Conférence au laboratoire ETIS (UMR 8051 CNRS/ENSEA/Univ. Cergy) et chercheur associé à l'Institut Actes (Paris 1). Son activité de recherche se situe à l'interface entre mécanique quantique, physique statistique et théorie de l'information. Sa démarche artistique s'inscrit dans l'art numérique (notamment en collaboration avec l'artiste russe Olga Kisseleva) ; son travail est constitué d'installations ou de performances qui détournent les nouvelles technologies pour mieux interroger leur intrusion dans notre quotidien, leur influence sur notre rapport aux autres, et plus largement, pour revisiter la question du fantasme technologique. Il est également leader du groupe d'electrorock Pink Noise Party et co-fondateur (avec l'artiste Gaspard Delanoë) du PFT, parti politique d'inspiration dadaïste.
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12h30-13h00 :
Errors, misbehaviors and friction design
Filipe PAIS (artiste-chercheur, ENSADlab et Université de Porto)
Les erreurs, les accidents, les dysfonctionnements et les glitchs sont des éléments et des sujets qui apparaissent fréquemment dans le travail de nombreux artistes et designers contemporains. Aujourd'hui, ces fonctions esthétiques et ces tactiques semblent avoir un rôle très important dans la création d'un engagement critique avec nos dispositifs numériques et les réseaux de médias. Lorsque l'interface transparente et les stratégies de smooth design deviennent la règle, il semble essentiel d'examiner les contre-stratégies qui créent des frictions, des mauvais comportements et un espace-temps de distance critique. Cette présentation a pour objectif d’analyser le travail de différents artistes et designers contemporains, en portant une attention particulière au projet The Behavior of Things. Ce projet de recherche porté par Emanuele Quinz et avec le soutien du Labex Arts H2H, interroge la notion de comportement et, en utilisant une approche théorique et pratique le projet valorise ce que nous pourrions appeler robotique dysfonctionnelle et pose la question, entre autres, de comment concevoir un objet à mauvais comportement ? En d'autres termes, au lieu de se consacrer au développement des robots de haute performance, il explore le potentiel esthétique trouvé dans le mouvement et dans le comportement étrange des machines.
- 13h-14h30 : Déjeuner
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14h30-15h :
Apparitions numériques ou le surgissement de l'art à domicile
Marie-Laure DESJARDINS (journaliste, doctorante, Institut Actes (Paris I-Sorbonne))
Marie-Laure Desjardins est journaliste spécialisée dans les nouveaux médias, fondatrice du site Internet d'information sur l'art contemporain ArtsHebdo|Médias et chercheur doctorante à l'Institut ACTES, Université Paris 1.
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15h-15h30 :
La subjectivité chez les machines : le cas d’un robot amateur d’art
Philippe GAUSSIER (neurocybernéticien, enseignant-chercheur, Laboratoire ETIS (Université de Cergy-Pontoise))
La subjectivité chez les machines : le cas d’un robot amateur d’art. (en collaboration avec A. Karaouzene, A. Moualla, D. Vidal)
Dans le cadre du labex Patrima (Université de Cergy Pontoise/Musée du quai Branly) nous nous interrogeons sur la nature des conduites esthétiques que l’on peut observer dans des Musées et la modélisation des fonctions cognitives qui leur sont sous-jacentes. Nous faisons l’hypothèse que l’expérience esthétique, en général - et la fréquentation des musées en particulier - offre un contexte privilégié d’apprentissage, incitant le visiteur à développer des capacités cognitives lui permettant de changer de point de vue pour mieux percevoir et apprécier son environnement. L’esthétique comme technique d’apprentissage intensif de différenciation des perceptions apporterait ainsi un avantage cognitif, que l’on cherche à mettre en évidence sur le plan adaptatif (et potentiellement évolutionnaire) par le biais d’expérimentations robotiques. Nous avons pu montrer qu'un robot humanoïde était susceptible de développer une forme d’«esthétique artificielle » par le biais d’un apprentissage du «goût des autres». Le modèle s’inspire des notions de schèmes et de réactions circulaires en psychologie. Il est basé sur un mécanisme de conditionnement secondaire permettant d’apprendre à associer de proche en proche un objet à priori neutre à un état émotionnel particulier. Nous discuterons les problèmes liés à la maitrise de la propagation de ces conditionnements ainsi que le développement de capacités cognitives de plus en plus complexes tirant parti des interactions sociales. -
15h30-16h :
Pensée artistique artificielle. L'exemple de la musique.
Jacques-Emile BERTRAND (philosophe et psychanalyste, ex-professeur à l'ENS d'Art de Paris-Cergy)
Philosophe, psychologue et artiste de formation, Jacques-Emile BERTRAND a enseigné à la faculté des sciences de Paris et à la Sorbonne, aux Beaux-Arts et aux Arts Décoratifs, en IUFM et au CNAM. Après avoir été chargé de mission à l’inspection générale de l’enseignement artistique au ministère de la culture pour élaborer une « approche scientifique des arts plastiques », il s’associe à la création de l’ENS d’Arts de Cergy, où il enseigne pendant 35 ans (relations arts/sciences et informatique musicale), parallèlement à l’ENSEA (philosophie des sciences et psychologie de la communication) et à une pratique clinique de psychothérapeute en milieux libéral et hospitalier.
- 16h-16h30 : Visite de l'exposition Plug-in
- 16h30-17h30 : Table ronde
- 17h30-17h45 : Clotûre Yves CHEVALLIER (directeur de l'E.P.C.C du Château de La Roche-Guyon)